IMPORTANT : Nous avons intégré la réponse de Sylvie HEYVAERTS et Olivier LOISEL à la suite de l'article .
Paru dans Marianne
carte blanche de Benoît Duteurtre - Vendredi 29 mai 2020
La crise sanitaire nous avait délivrés du dossier Polanski, cette interminable affaire entretenant la confusion entre l’homme et l’artiste. Les choses semblaient retrouver leurs justes proportions depuis qu’une vraie pandémie rendait dérisoire cette contagion médiatique visant le réalisateur de J’accuse. Mais à peine le confinement est-il achevé que, déjà, la passion des affaires sexuelles reprend le dessus, quitte à monter en épingle le plus minuscule harcèlement supposé. On avait déjà noté avec le drame d’Outreau la capacité de ceux qui nous informent à relayer avec sérieux des affirmations délirantes – quitte à briser la vie des accusés sans aucun scrupule. Nous voici désormais dans le registre du grotesque, comme en témoignent les premières « affaires » du monde d’après. [...] Lancée presque au même moment par plusieurs grands journaux, l’affaire qui vise François Asselineau est du même tonneau, puisqu’on voit surgir un ex-« chauffeur-attaché de presse » qui accuse de harcèlement le très sérieux président de l’UPR. Il lui reproche, tenez-vous bien, de lui avoir « caressé la main », mais aussi de l’avoir observé « en train de faire sa toilette, par une fenêtre donnant sur sa salle de bains », et enfin d’avoir « essayé de l’embrasser alors qu’il dormait sur le siège du passager ». On frémit, quand bien même le suspect ne semble pas être parvenu à ses fins. Asselineau s’en défend d’ailleurs comme il convient : en continuant à mener son combat politique et en opposant à cette médiocre intrigue l’hypothèse d’une manipulation.
Quant à moi, je relève encore deux procédés douteux : 1°) le fait (désormais habituel) de lancer des accusations sur la place publique, incluant des tweets et autres messages personnels qui devraient le rester, sauf si l’affaire donne lieu à un jugement; 2°) la réaction moutonnière de certains membres de l’UPR, affolés par le tribunal de l’opinion, au point de demander la démission de leur chef. Je rappelle qu’Asselineau, excellent pédagogue dont les conférences sur l’Europe se dévorent sur Internet, est souvent dédaigné par les médias institutionnels, peu nombreux à relayer ses réflexions. Soudain voici le champion du Frexit à la une pour une affaire censée ternir son image. Il occupe les titres du Figaro comme de Libération, mais en qualité de délinquant sexuel. Quelles qu’en soient les raisons, il fait les frais de cette confusion qui consiste à mettre sur la place publique les accusations de toute victime présumée, à prêter au moindre « comportement inapproprié » un caractère criminel, et à lancer ainsi de ridicules chasses à l’homme pour occuper nos loisirs déconfinés !
Pour consulter l'article complet sur le site officiel de Benoît Duteurtre :
Réponse au « Retour des fesses »,
Par Sylvie HEYVAERTS et Olivier LOISEL
Il était une fois le très sérieux président d'un très sérieux parti, qui prônait le Frexit pour défendre la souveraineté de la France. Personne ne le connaissait, la presse n'étant guère empressée à relayer d'aussi pertinentes enquêtes.
L’incorruptible président avait réuni autour de lui des compagnons fidèles. Son organe politique était bien fourni en membres : ils étaient trente en 2007, ils furent trente mille dix ans plus tard. Une érection silencieuse et prodigieuse...
Et puis, voilà qu'un jour filtre une nouvelle vraiment incroyable : le très sérieux président raffolerait de la bagatelle avec des jeunes gens ! Derrière l'épaule du Général, on verrait flotter l'ombre d'Héliogabale ? Aussitôt les feux de la rampe se tournent vers le croustillant personnage. Quand on y songe quel dommage, d'avoir caché si longtemps un tel talent ! Nul doute qu'une certaine presse, émoustillée, se serait soudainement révélée furieusement frexitée !
C'en est trop ! Le très sérieux président s'offusque ; sa cour divague sur la toile, putchise, théorise, terrorise. Untel, romancier de son état, adhérent depuis peu, vole à son secours. Extrapolant sur quelques extraits d'un dossier dont il ignore tout, il juge la bagatelle insignifiante et s'insurge de l'initiative de cadres prétendument « affolés par le tribunal de l'opinion ».
Cher Monsieur le romancier, soyez moins sûr de vous. L'histoire n'est pas si légère, et ce n'est pas la première. Le 5 mai dernier, une plainte a été déposée pour harcèlement sexuel, agression sexuelle, tentative d'extorsion de signature, subornation de témoins. Le procureur de la République est également alerté : savez-vous que la loi punit d'une amende de 15 000 euros, et d'une peine de prison, l'imprudent qui saisirait la justice sans preuves ?
Outre cela, les «affolés » dénoncent la gestion opaque du très sérieux président, dévoilent une autocratie systémique bien rodée, alertent sur les mensonges et les omissions ; car ils ont rejoint un très sérieux parti, avec le très sérieux projet de restaurer la démocratie en France... pas l'absolutisme ! Lassés des festins de couleuvres qu'on leur sert à chaque repas, les lieutenants fidèles crient à l’alerte générale :
Basta ya !
Oyez bonnes gens, sachez qu’à l'UPR, avant de reprendre le pouvoir au nom du peuple de France, nous trouvons nécessaire de savoir lutter collectivement contre les abus de pouvoir.
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